Des députés du Kirghizstan ont égorgé sept moutons jeudi dans l’enceinte du Parlement pour « chasser les mauvais esprits » après les violences interethniques meurtrières l’an passé dans ce pays pauvre d’Asie centrale où l’islam est la principale religion.
Les élus espèrent ainsi « chasser les mauvais esprits des murs de la Jogorkou Kenech » (le Parlement kirghiz), a déclaré à l’AFP un responsable du service de presse de l’assemblée.
Le député Kourmanbek Osmonov a expliqué que les parlementaires avaient organisé ce rite et invité un mollah pour prier pour les victimes des violences en avril et juin derniers.
L’ancien président Kourmanbek Bakiev a été chassé du pouvoir en avril 2010 par une révolte populaire sanglante, suivie de violences interethniques en juin de la même année et qui a fait des centaines de morts.
« Nous espérons que les événements tragiques de l’an passé ne se répéteront pas et que la paix et la stabilité s’installeront dans le pays », a déclaré M. Osmonov.
« La viande des moutons sacrifiés sera donnée à une maison de repos, un orphelinat et une mosquée », a-t-il ajouté.
« Pour accomplir le rite traditionnel de l’égorgement de moutons, chacun des 120 députés a versé 700 soms (environ 10 euros) », a déclaré pour sa part le président du Parlement, Akhmatbek Keldibekov.
Interrogé par l’AFP, le directeur de l’Association des politologues du Kirghizstan a jugé que ce rite dans l’enceinte d’un bâtiment de l’Etat était une « absurdité », dans la mesure où il ne faut pas mélanger politique et religion.
« Même dans les Etats islamiques cela ne se fait pas », a relevé Toktogoul Kaktchekeev.
Le Kirghizstan est au bord d’une nouvelle crise politique, selon la présidente Rosa Otounbaïeva, après la défection annoncée vendredi de deux des trois partis soutenant le gouvernement.
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