Ministres, grands patrons, hauts fonctionnaires: personne n’est à l’abri d’une vague de limogeages au Kazakhstan, dont le président, Noursoultan Nazarbaïev, semble déterminé à remodeler une élite trop puissante.
Dernière victime de ce nettoyage au sommet, l’influent ministre de la Défense et ex-Premier ministre Danial Akhmetov, a été limogé sans la moindre explication mercredi par décret présidentiel, deux mois après l’arrestation de son adjoint en raison d’irrégularités dans un contrat d’armement.
Les forces de l’ordre, se disent engagées dans une opération anti-corruption, avec notamment les arrestations et limogeages du chef du département des statistiques, son adjoint, et des enquêtes visant l’ex-ministre de l’Environnement et ses deux vices-ministres.
Autres disgrâces d’importance, le désormais ex-patron du monopole d’Etat du nucléaire Kazatomprom, Moukhtar Djakichev a été arrêté et l’ancien PDG de la plus grande banque kazakhe, BTA, Moukhtar Abliazov est en fuite, les deux hommes étant accusés du détournement de dizaines de milliards de dollars.
Si les poursuites peuvent être fondées, ces hauts responsables ayant fait carrière dans un système miné par la corruption, beaucoup y voient aussi la main de M. Nazarbaïev, au pouvoir depuis la période soviétique, et qui sentirait sa toute puissance menacée.
« La vaste opération anti-corruption s’est intensifiée, mais elle est avant tout motivée politiquement », relève ainsi un récent rapport de la banque française Société Générale : « Le président garde un contrôle étroit sur le système politique, mais l’impression que le régime perd de sa puissance grandit ».
Dosym Satpaïev, du Groupe d’évaluation des risques à Almaty, estime lui aussi que M. Nazarbaïev, 69 ans en juillet, cherche à mettre au pas la puissante élite, alors que les rumeurs sur sa santé faiblissante se multiplient.
Ça veut dire très clairement qu’il ne contrôle plus le système politique comme il le faisait avant. Le Kazakhstan, dont une grande partie des richesses (banques et hydrocarbures notamment) sont sous le contrôle de la famille du président, est coutumier de ce type de chamboulements.
Le cas le plus emblématique reste la disgrâce de Rakhat Aliev, l’ex-mari de la fille aînée du président condamné par contumace en 2008 à 40 ans de prison pour tentative de coup d’Etat et meurtres.
Ce personnage sulfureux, accusé de tous les maux par l’opposition, avait pourtant été numéro deux du KNB, vice-ministre des Affaires étrangères et actionnaire de quelques entreprises lucratives.
Au regard de l’opacité du régime kazakh, les experts s’interrogent sur la nature de la menace que les personnes arrêtées et limogées représentaient pour le chef de l’Etat, et dès lors l’inquiétude règne dans les administrations, de plus en plus nerveuses.
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