Cet art remonte à l’époque où Kouba était sous le contrôle des Perses ou des Turcs et constituait un important relais sur la Route de la soie, entre la Chine et l’Europe.
Tisser des tapis fait partie du quotidien des femmes à Khinalik, un vieux village perdu dans les montagnes du Caucase azerbaïdjanais, en mêlant des fils colorés sur un métier à tisser dans un petit atelier surplombant la vallée.
Jusqu’à l’année dernière, Meleiké Soultanova, qui tient de sa mère l’art du tissage, travaillait à l’ornementation des maisons en pierre dans ce village accroché à la montagne.
Désormais, elle travaille pour Kadim Kouba (Vieux Kouba), une ancienne entreprise d’Etat située dans la cité de Kouba en Azerbaïdjan, une ex-république soviétique riche d’une tradition séculaire dans l’art du tapis.
Mais les petites entreprises locales se plaignent d’un handicap majeur sur les marchés étrangers: leur faible renommée par rapport aux tapis turcs ou persans. Lors d’une visite au Musée du Louvre à Paris cette année, le ministre azerbaïdjanais de la Culture Aboulfas Garaïev a été choqué de découvrir dans les collections un tapis de Kouba où aucune mention n’était faite du pays d’origine, l’Azerbaïdjan. Les tapis azerbaïdjanais sont très variés, plus colorés. Faits de symétries et d’assymétries. On trouve un peu tout.
Deux femmes chefs d’entreprise – une situation encore rare dans un pays où le commerce reste dominé par les hommes – essaient de faire revivre cet art miné par une production de masse du temps de l’Union soviétique.
Oumaï Mamadova, directrice de Kadim Kouba, et Fatima Agamirzoïeva, à la tête d’une autre entreprise locale, Aïgoun, utilisent d’anciens motifs de tapis et des couleurs naturelles de la région pour tenter de reconquérir des marchés à travers le monde.
« Les dirigeants soviétiques ne regardaient pas cela comme de l’art. Pour eux, il fallait produire. Ils ont gagné des millions mais fini par perdre le marché », estime Fatima Agamirzoïeva, une ancienne couturière qui a reçu en 2002 un prix de l’ONU pour son entreprise de tissage.
« Dieu a créé le monde et les tapis en même temps », relève avec malice Fatima Agamirzoïeva, dont la société produit environ 140 tapis faits main par an et exporte vers différents pays de la Grande-Bretagne au Canada, en passant par la Norvège.
La région de Kouba s’enorgueillit de plus de 30 motifs de tapis, de silhouettes d’insectes à Chichi, un village dont le nom signifie littéralement « Mains en or », aux éléments marins de Pirabadil, proche de la mer Caspienne.
Hadjah Asadova, ancienne conservatrice du musée des tapis de Bakou qui travaille maintenant chez Azer-Ilme, un grand producteur de tapis de la capitale azerbaïdjanaise, explique que les productions locales se distinguent par leurs couleurs et leurs motifs.
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