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Films kirghizs et kazakhs au programme du 23ème Festival des 3 Continents

Le cinéma kirghiz a continué d’étonner le monde par son réalisme poétique, jusque dans les années 80. Mais la nouvelle génération de cinéastes n’a pu soutenir l’effort esthétique de l’ancienne génération, ni résister à la pression idéologique.

Comme chaque année, la sélection officielle du Festival des 3 Continents présente une vingtaine de films récents, dont dix, entièrement inédits en France, en compétition.

Hors compétition:
– La route – Darejan Omirbaev – Kazakhstan
– Le singe – Aktan Abdikalikov – Kirghizistan.

Au programme: « LA VISION DU MONDE À TRAVERS LE CINÉMA KIRGHIZ »

Programme kirghiz 2001:

Une traversée difficile – Melis Ouboukeev – 1964

Le champ maternel – Guennadi Bazarov – 1968

Coup de feu dans le col de Karach – Bolot Chamchaiev – 1968

Près du vieux moulin – Ossenjan Ibraguimov – 1972

Le féroce – Tolomouch Okeev – 1973

La logeuse – Bekzhan Aitkulouiev

Où est ta maison escargot ? – Aktan Abdukhalikov – 1992.

Courts-métrages d’Ernst Abdyjaparov :
– L’esprit l’Almanbet – 1993
– Le moineau – 1995
– Berceuse – 1997
– Le passage – 2000
– L’arrêt d’autobus – 2000

LA VISION DU MONDE À TRAVERS LE CINÉMA KIRGHIZ

( Programme du 23ème Festival des 3 Continents, Novembre 2001)

Le 17 novembre 1941, un arrêté du Conseil des Commissaires aux Peuples de la République Socialiste Soviétique du Kirghizstan crée les premiers studios de chroniques cinématographiques dans la ville de Frunze [aujourd’hui Bishkek, capitale du Kirghizstan]. Ces studios réalisèrent, pendant les années de guerre (1941-1945) de nombreux films sur les ouvriers restés à l’arrière. Ces images, montées avec celles des soldats du front, étaient réunies en un ciné-journal.

À partir de la seconde moitié des années 50, de nombreux réalisateurs de Moscou ou de Leningrad viennent au Kirghizstan et s’intéressent à la culture kirghize qu’ils portent à l’écran, favorisant ainsi la formation de premiers cadres cinématographiques nationaux. Les films d’alors étaient relativement schématiques et superficiels, mais cela a néanmoins permis au cinéma kirghiz d’acquérir un certain professionnalisme et une certaine connaissance de la production cinématographique.

Dans les années 60, les oeuvres de l’écrivain Tchingiz Aïtmatov ont commencé à avoir beaucoup de succès, aussi bien en Union soviétique que dans le reste du monde. Cette création littéraire, qui éveillait des sentiments d’amour-propre, a fortement influencé le cinéma kirghiz. L. Chepitko, réalise en 1963, le film Chaleur torride d’après une nouvelle de Tchingiz Aïtmatov. Ce film est récompensé aux Festivals de Karlovy Vary et Francfort (1964). L’année suivante, en 1964, A. Mikhalkov-Kontchalovsky s’inspire également d’une nouvelle de Tchingiz Aïtmatov pour réaliser Le Premier Maître, récompensé au festival de Venise. Ces reconnaissances concernaient essentiellement les aspects esthétiques de ces films. Et il est important de remarquer que la mentalité kirghize y était évoquée de manière relativement complaisante.

C’est pendant ces années qu’une nouvelle génération de cinéastes rentre de l’Institut de cinéma de Moscou pour travailler dans les studios. En 1964, M. Ubukeev réalise Une traversée difficile. Ce film, étonnamment courageux pour l’époque, traite de la révolte des Kirghizes de 1916, lorsque l’armée russe extermina la moitié de la population, alors que l’histoire officielle se taisait obstinément. Endormant intelligemment la vigilance de la censure, le réalisateur a donné une image particulière de la Patrie, où des femmes aveugles deviennent des guides. Ce film décrit le destin d’un petit peuple, privé de son droit de choisir. C’est à partir de ce film que commence la longue histoire du cinéma kirghiz.

Le film de B. Chamchiev Coup de feu au col de Karach est réalisé d’après un classique de la littérature de Mukhtar Auezov. Dans ce film, le cinéaste sort des clichés sociaux présents dans les films de la même époque pour créer un véritable modèle de personnages s’opposant l’un à l’autre : le pauvre et le riche, perdus tous deux, dans leurs propres illusions.

Le Champ maternel de G. Bazarov est réalisé d’après une nouvelle de Tchingiz Aïtmatov. Malgré une adaptation théâtrale éponyme qui triomphe à la même époque dans tous les théâtres soviétiques, le film est quasiment passé inaperçu. Apparemment, le cinéma n’avait pas encore toutes les faveurs.

Les films de T. Okeev Le Ciel de notre enfance et Le Féroce sont les plus connus du public kirghiz. Évitant les poncifs socialistes et l’attrait pour des histoires extraordinaires, le réalisateur, par son talent, dépeint la vie et la pensée des Kirghizes, leurs espérances et les privations subies.

Le film Près du vieux moulin d’U. Ibraimov fut, dans l’ensemble, considéré comme un film moyennement réussi. Sans doute parce que l’héroïne puise les forces qui lui permettront d’affermir son esprit dans les valeurs traditionnelles, délaissant les grandes idées communistes. Ceci fut considéré par l’idéologie de l’époque comme une capitulation.

Les récompenses internationales ont fortifié la cinématographie kirghize et lui ont donné une forte impulsion pour se libérer du complexe des peuples autochtones. Malgré les barrières idéologiques, le cinéma kirghiz de la période soviétique a réussi à donner une représentation de tout un peuple et à décrire la façon dont évolue sa conscience. Le cinéma est, semble-t-il, devenu un moyen d’auto-affirmation pour un petit peuple dans un grand monde. Le cinéma kirghiz a continué d’étonner le monde par son réalisme poétique, jusque dans les années 80. Mais la nouvelle génération de cinéastes n’a pu soutenir l’effort esthétique de l’ancienne génération, ni résister à la pression idéologique.

Dans les années 90, après l’effondrement de l’URSS, le cinéma n’est plus financé. Les jeunes réalisateurs qui arrivent à trouver des fonds suivent deux directions. Certains cinéastes parlent de sujets qui étaient auparavant interdits. C’est le cas du film La Logeuse de B. Aïtkuluev, où certains Kirghizes semblent étrangers à leur propre pays. D’autres, comme le réalisateur A. Abdykalykov, dans son film Où est ta maison, escargot? perpétuent la meilleure tradition du cinéma kirghiz et tentent de la perfectionner.

Malgré le déferlement de la culture de masse, le cinéma kirghiz des années 90 tente, dans l’ensemble, de protéger sa propre individualité. Les films d’A. Abdykalykov, de B. Karagulov, de T. Birnazarov, d’E. Abdyjaparov ont été récompensés dans différents festivals de plus ou moins grande importance. Le cinéma kirghiz s’est créé une histoire digne de ce nom. Commençant par des chroniques événementielles, le cinéma a créé un style qui lui est propre et il propose aujourd’hui une certaine vision du monde.

Ernst Abdyjaparov, cinéaste
Talip Ibraimov, rédacteur aux studios Kirghizfilm

Traduit du russe par Cloe Drieu

Films kirghizs et kazakhs au programme du 23ème Festival des 3 Continents

par | 10 Nov 2001 | 0 commentaires

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