L’expérience d’Okeev est la plus précieuse ressource pour le développement du cinéma kirghize contemporain. On espère que la nouvelle génération de cinéastes saura sauvegarder et poursuivre le potentiel de créativité d’Okeev, même dans les conditions actuelles du marché, où nombre de changements difficiles, parfois même radicaux, adviennent dans la vie et l’oeuvre des artistes contemporains.
Le jury international du 24ème Festival des 3 Continents a décerné les prix suivants :
– Montgolfière d’Or : « Altyn Kyrgho » / Mon frère sur la route de la soie » de Marat Sarulu (Kirghizstan)!
Tolomouch Okeev a reçu à l’occasion du 23ème Festival des 3 Continents 2002 un trophée pour l’ensemble de son travail!
Toujours à la recherche des grands réalisateurs de demain : 15 à 20 films d’Asie, dont 12 inédits en compétition.
Ainsi que des hommages, rétrospectives, cartes blanches…
Tolomouch OKEEV – Kirghizistan
1935 – 2001
Ville de naissance : Bokonbaveo, région de l’Issyk-Koul
Pays : Kirghizistan
T. Okeev termine en 1958 le cours de preneur de son à la Faculté d’électronique du LIKI (Ecole des ingénieurs du cinéma de Léningrad) et devient ingénieur du son à Kirghizfilm. En 1966, il termine les cours supérieurs de réalisation et scénario de Moscou. Il est réalisateur à Sovietskaïa Kirghizia (cinéjournal), ingénieur du son pour « Chaleur torride » de Larissa Chepitko. Il écrit quelques scénarios, joue dans des films (Les Montagnes blanches), dirige des pièces au théâtre dramatique de Frounze. Il a écrit un livre (L’Art ailé, 1977). Député de l’URSS depuis 1989, il a fondé sa maison de production (Keletchek, «L’avenir», filiale du centre fédéral de cinéma et de télévision pour la jeunesse de Rolan Bykov) pour réaliser un vaste projet international sur Tchinguiz Khan.
Il a reçu lors du Festival des 3 Continents 2001 (20-27 novembre) un trophée pour l’ensemble de sa carrière.
Il est décédé le 18 décembre 2001.
Filmographie:
– BAKAJDYN ZAJYTY Le ciel de notre enfance (1967)
– URKUJA Incline-toi devant le feu (1972)
– LJUTYJ Le féroce (1973)
– KRASNOYE YABLOKO La pomme rouge (1975)
– OULAN Oulan (1977)
– ZOLOTAYA OSEN L’Automne doré (1980)
– POTOMOK BELOGO BARSSA Le descendant du léopard des neiges (1984)
– MIRAZI LIOUBVI Les mirages de l’amour (1986)
Ce sont les chevaux (doc., 1965) Boom (doc., 1969) Mouras (doc., 1970) Oiseaux de chasse (doc., 1971) Le Sculpteur Olga Manouïlova (doc., 1982) Tchinguiz Khan (1987).
Aux participants du Festival des 3 Continents de Nantes
Les journées passent et l’étendue du temps croît implacablement en creusant davantage le fossé entre le passé et le présent, et l’on ne peut croire que Tolomouch Okeev n’est plus parmi nous. Il semble encore être tout près, quelque part, pas très loin, en train de tourner son nouveau film. Toujours énergique et volontaire, le voilà bien présent, inspiré par une nouvelle découverte artistique.
Mais, hélas ! le grand metteur en scène kirghize ne vit désormais que dans nos mémoires. Ses oeuvres étaient de son temps des classiques de l’art national, elles font partie aujourd’hui du patrimoine culturel du xxe siècle.
Tolomouch Okeev était sans mentir un cinéaste remarquable, un éminent artiste de l’écran, qui a su réaliser en plein régime totalitaire des films extraordinaires, tant dans leur fonds que dans leur forme. Sa personnalité attrayante faisait d’Okeev un homme charmant doté d’un esprit ouvert.
L’expérience d’Okeev est la plus précieuse ressource pour le développement du cinéma kirghize contemporain. J’espère que la nouvelle génération de cinéastes saura sauvegarder et poursuivre le potentiel de créativité d’Okeev, même dans les conditions actuelles du marché, où nombre de changements difficiles, parfois même radicaux, adviennent dans la vie et l’oeuvre des artistes contemporains.
Aujourd’hui, les films de Tolomouch Okeev continuent à vivre et à trouver de nouveaux spectateurs. Il y a peu de temps de cela, l’été dernier, sur l’île de Gökçeada en mer Egée, j’ai participé à la cérémonie d’ouverture d’un festival cinématographique turc où, en présence des insulaires rassemblés en grand nombre au bord de la mer, sur l’énorme écran à ciel ouvert et étoilé, a été projeté La Pomme rouge d’Okeev. A cet instant, j’étais très heureux et fier. Fier d’un travail réalisé en commun avec Tolomouch Okeev d’après ma nouvelle du même nom qui a servi de scénario pour ce merveilleux film.
Tchinguiz Aïtmatov
Bruxelles, le 10 octobre 2002
Traduit du russe par Dououlat Kassymov
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